Sophie Verhaaren, responsable de la commission Femmes et Prison, est heureuse d’accueillir pour cette soirée monsieur Christian Kadi, aumônier protestant à plein temps depuis 5 ans et à la Maison d’Arrêt de Nice mais qui visite les détenus dans les prisons depuis 18 ans, et son fils, monsieur Jean-David Kadi également aumônier depuis 2 ans à la Maison d’Arrêt de Nice.

Quand on rencontre de tels hommes on ne peut pas rester insensible à l’amour qu’ils ont de leur prochain, leur compassion, leur courage et leur don d’eux-mêmes pour accomplir une telle mission.

Ils ont été la source de l’inspiration de Sophie Verhaaren pour créer la Commission Femmes et Prison, commission, je le rappelle, qui travaille à la réinsertion des femmes détenues dans la vie active.

Je vous laisse découvrir, ce soir, leur incroyable témoignage.

La Maison d’Arrêt de Nice

Aujourd’hui, le constat pour la France est de 81.020 détenus pour 57. 516 places.
Nous distinguons trois types d’emprisonnement :

  • La Maison d’Arrêt : établissement d’admission pour l’attente d’un jugement et pour les courtes peines.
  • Le Centre de Détention : établissement d’admission pour les peines de trois à sept ans.
  • La Centrale : établissement d’admission pour les longues peines.

La Maison d’Arrêt de Nice date de 1887. Il y a 364 places prévues et 750 détenus présents.

Elle comporte six bâtiments :

  • Le bâtiment pour les condamnés,
  • Le bâtiment pour les prévenus en mandat de dépôt,
  • Le bâtiment pour les isolés et le quartier disciplinaire,
  • Le bâtiment pour les arrivants, les sortants et l’hôpital de jour,
  • Le bâtiment pour ceux qui sont en semi-liberté,
  • Le bâtiment pour les femmes : elles sont 70

Il y a également la présence d’une unité de consultation des soins ambulatoires (UCSA) et un service médico psychologique régional (SMPR)

L’Aumônerie

Qu’est-ce que le ou la détenue attend de l’aumônier ?

  • Une visite, une rencontre, une écoute, un échange véritable, pouvoir expliquer sa situation, exprimer sa souffrance, dire son désespoir, confier sa colère, sa révolte, ses doutes, ses regrets, sa honte, sa culpabilité.
  • L’annonce de la grâce de Dieu, Son amour, Son pardon.
  • Se détourner de son passé, prendre conscience de la gravité du crime ou du délit et des conséquences pour les victimes.

Au Quartier des Arrivants, il y a beaucoup de détresse. C’est un moment très délicat, même les chevronnés sont ébranlés.

Une fois écroué, le détenu reçoit une petite brochure intitulée : « la vie quotidienne en prison ». Cette brochure lui indique tout ce qu’il doit savoir sur la vie en détention y compris la pratique de sa religion. Cette brochure précise que tout détenu peut correspondre sous pli fermé avec l’aumônier de son choix et que l’aumônier peut le visiter même s’il se trouve en cellule d’isolement ou en cellule disciplinaire.

Les visites en cellule

En dehors du personnel pénitentiaire, l’aumônier est le seul à pouvoir rester en cellule avec le détenu. Ce dernier est toujours très heureux de recevoir l’aumônier, de partager un café ou un gâteau. Parfois règne une grande détresse ou une grande solitude. Le détenu prend parfois des cachets pour dormir et oublier. Il y a souvent des photos et des messages de la famille et des enfants sur les murs de la cellule ; ces messages sont déchirants : « papa, maman, je t’aime, tu me manques » etc.

Enfermé dans la solitude, le détenu a besoin de s’exprimer. L’aumônier doit d’abord se taire et écouter, être attentif à ce qu’il dit, sa souffrance, sa sincérité devant Dieu. Et qui d’autre que l’aumônier peut écouter avec autant de patience et de compassion : en effet, celui-ci a un regard différent par rapport à tous ceux qui l’ont déjà jugé et condamné. Bien souvent, le détenu témoigne que la visite de l’aumônier lui a redonné le courage et le moral qu’il avait perdu. Très souvent mais pas toujours, l’aumônier prie avec lui.

La visite en cellule est très importante : chez la femme, l’aumônier ne rentre généralement pas dans sa cellule par pudeur mais il la rencontre dans une salle prévue à cet effet. Pour elle, l’incarcération est plus difficile car elle perd ses repères en tant que femme, qu’épouse et mère ; la séparation avec ses enfants est très douloureuse ; elle perd sa dignité, sa valeur, parfois sa beauté. C’est pourquoi la visite de l’aumônier est si précieuse. La femme y est souvent très réceptive et elle exprime facilement sa reconnaissance à cause de l’intérêt qu’on lui porte.

Le culte

Les détenus ne peuvent y assister que s’ils sont inscrits sur la liste de l’Administration Pénitentiaire car certains ont interdiction de communiquer avec d’autres détenus. Il y a beaucoup de contrôle.

Toutes les confessions peuvent y assister. L’aumônier est secondé par des intervenants dont la présence est très appréciée. Les chants apportent de la joie et de la paix dans un univers hostile. Le message est simple et encourageant, parlant de l’amour de Dieu en Jésus, un amour réel qui change les vies car très peu connaissent la Parole de Dieu. Puis il y a un moment de prière individuelle pour ceux qui le désirent et l’aumônier réalise alors que les besoins sont extrêmement nombreux.

Pour Noël et pour Pâques : l’aumônier organise une célébration avec des ballotins de chocolats et distribue des calendriers. Les détenus ressortent encouragés, reboostés. Ils se sentent aimés, souvent quelque chose qu’ils n’ont jamais connu ou oublié.

Messieurs Christian et Jean-David Kadi remercient  de tout cœur l’association FLM pour cette invitation et ce partage et rappelle que dans un monde devenu aujourd’hui bien difficile, l’amour seul peut briser toutes les chaines.